L'Appel

– 21 mars 2022 –

La société des communs désigne une société structurée autour de communautés de citoyens engagés, d’entreprises coopératives et d’agents publics qui établissent des règles de gouvernance démocratiques pour co-administrer des ressources ouvertes et partagées dans une logique de justice sociale et écologique. Les pionniers de cette société des communs, déjà en action, prouvent que ce modèle social est aussi souhaitable que réaliste.

En France, la coopérative Enercoop contribue activement à développer des énergies renouvelables sur tout le territoire en regroupant des dizaines de milliers de sociétaires producteurs et consommateurs. Le mouvement Terre de Liens rachète plus de six milles hectares de terres agricoles qu’il met en commun pour les préserver de la spéculation foncière et en faciliter l’accès aux paysans pour une agriculture durable. La fédération Coopcycle associe et mutualise les outils de quarante coopératives de livreurs à vélo pour lutter contre l’ubérisation du secteur.

A l’échelle internationale, les contributeurs bénévoles de Wikipédia produisent la plus grande encyclopédie librement accessible jamais écrite par l’humanité. Les chercheurs et les entreprises engagés dans le projet Open Source Drug Discovery collaborent pour produire une dizaine de médicaments libres d’utilisation essentiels pour lutter contre des maladies tropicales qui touchent des millions d’individus. Les développeurs de Open Food Network développent et mettent à disposition des agriculteurs des outils informatiques pour faciliter l’établissement de circuits courts alimentaires dans plus de vingt pays.

Une société des communs peut répondre aux crises qui minent notre contrat social

Nos systèmes représentatifs et institutions sont à bout de souffle alors que les citoyens expriment avec toujours plus d’insistance leur volonté de participer à la vie politique et économique du pays. Notre système productif a trop longtemps fonctionné sur l’exploitation et la destruction des écosystèmes qui rendent possible la vie humaine sur terre. Alors que nos sociétés n’ont jamais produit autant de richesses, les inégalités se creusent et un nombre croissant de citoyens n’ont plus accès aux biens et services essentiels à leur libre développement.

La société des communs répond concrètement à ces crises. Elle n’est pas une théorie politique de plus qui finira consignée dans une bibliothèque. C’est un projet politique vivant, matérialisé par des pratiques alternatives et revendiqué par un grand nombre de mobilisations. Mais pour que ce projet de société se réalise, nous avons besoin de transformer nos imaginaires, nos manières de faire et nos institutions collectives.

Un préalable : redéfinir les rôles entre citoyens, acteurs public et entreprises

Pour les citoyens 

Il s’agit de sortir de la passivité d’usagers, de consommateurs et d’administrés pour devenir des membres actifs, contributeurs et responsables. Dans une société des communs, ils participent aux décisions importantes concernant leur vie locale, leur entreprise et leurs institutions publiques. Ils contribuent à la production et au maintien de ressources partagées en commun. 

Pour les acteurs publics 

Ce changement de paradigme les amène à passer d’un rôle de commanditaire à celui de partenaire, d’un modèle centralisé à des modes de fonctionnement distribués et démocratiques. Dans une société des communs, les acteurs publics se mettent au service de formes d’actions collectives citoyennes, et non l’inverse. Ils adoptent le principe de subsidiarité où la primauté de l’action et de la décision revient aux acteurs locaux qui s’auto-organisent collectivement pour satisfaire leur besoin. Il ne s’agit pas d’un retrait de l’État qui reste garant en dernière instance de l’intérêt général.

Pour les entreprises

Il s’agit de privilégier les modes de gestion démocratique comme moteur de leur efficacité et de leur utilité sociale. Dans une société des communs, les entreprises s’inscrivent dans une logique coopérative avec les acteurs concernés par leurs activités, allant jusqu’à les associer à leur gouvernance, ce que permettent des statuts adaptés comme celui de SCIC (société coopérative d’intérêt collectif). Leur mission ne se limite plus à la seule création de valeur économique par la propriété exclusive mais s’inscrit dans une volonté de prendre soin des ressources et des infrastructures sur lesquelles elles reposent.


Trois chantiers d’ampleur pour une société des communs

Étendre le nombre de ressources instituées et administrées comme des biens communs 

Espaces naturels, connaissances, vaccins, monnaie, épargne, Internet, eau potable, électricité… Il s’agit de définir collectivement les ressources, biens et services essentiels à l’épanouissement de la vie humaine, d’en garantir l’accès et d’élaborer leur gestion démocratique et transparente. 

Soutenir l’action collective, les communautés auto-organisées et les formes d’entrepreneuriat coopératif 

Tiers-lieux, logiciels libres et open source, coopératives de consommateurs… Il faut encourager ces communautés de citoyens actifs qui collaborent pour produire et prendre soin de ressources selon un principe d’autogouvernement. Nos institutions doivent soutenir, y compris économiquement, ces communautés de contributeurs dans une logique polycentrique.

Promouvoir et faciliter partout où c’est possible la contribution citoyenne 

Co-voiturage, aide alimentaire associative, partage pair-à-pair… Ces pratiques horizontales d’entraide et de mutualisation sont non seulement souhaitables mais nécessaires dans une société limitée en ressources dont le lien social se distend toujours plus. Cette perspective doit nous amener à penser une action publique qui crée les conditions législatives et opérationnelles à un droit à la contribution aux communs, sans pour autant démanteler les institutions existantes de l’État providence, déjà rudement mises à l’épreuve.

La société des communs que nous allons bâtir est une alternative politique aussi pragmatique que stimulante pour relever les défis du XXIe siècle. Elle s’appuie sur la liberté de contribuer, d’accéder et de gouverner collectivement les biens communs essentiels à notre humanité dans une logique de justice sociale et écologique.

Les défis à relever pour y parvenir sont nombreux. Tant mieux, l’audace est de mise en ces temps de nécessaire rupture !

ENGAGEONS-NOUS ENSEMBLE POUR BASCULER VERS LA SOCIÉTÉ DES COMMUNS !​

Premiers signataires

Lucile Aigron, Co-fondatrice de la SCIC Coopérative Tiers Lieux
Johan Aubibert,
Rachel Arnould, Co-fondatrice de Open Food Network
Pauline Asselin, Editrice de données
Manon Aubry, député européenne
Bérengère Batiot, Responsable Développement à CoopCircuits
Michel Bauwens, Fondateur de la P2P Foundation
Alexandre Benassar, Coordinateur du Réseau Canopé et Président de l’association Tiers-Lieux Edu
Claire Beyou, entrepreneur
Maxime Blondeau, Fondateur du Printemps écologique et de Sailcoop
Emmanuel Bodinier, Chercheur
Philippe Borrel, Réalisateur de « La bataille du Libre »
Benoît Borrits, Essayiste, chercheur indépendant et engagé pour pleinemploi.org
Fanny Boutet-Pasquier, Associée-Directrice générale du troisième lieu
Mathilde Bras, Experte des transformations numériques de l’action publique
Olivier Buchotte, Associé fondateur de Open Source Politics
Jean-François Caron, Maire de Loos en Gohelle
Valentin Chaput, Co-gérant de Open Source Politics
Ophélie Coelho, Membre du conseil scientifique à l’Institut Rousseau
Marie-Laure Cuvelier, Secrétaire générale de France Tiers-Lieux
Elisabeth Dau, Directrice de recherches et co-fondatrice de la SCIC Fréquence Commune
Quitterie de Villepin, Candidate aux législatives 2022 Paris, 5è, 6è, 7è arrondissements
Hervé Defalvard, Economiste et initateur de la Chaire ESS à UGE
Isabelle Delannoy, Ingénieure, Autrice de la théorie de l’économie symbiotique
Stéphane Delpeyrat-Vincent, Maire de Saint Médard en Jalles
Mélia Delplanque, Architecte pour les Saprophytes
Aurelien Denaes, Co-coordinateur du réseau de tiers-lieux francilien A+ c’est mieux!
Nicolas Détrie, Cofondateur de Yes We Camp
Emmanuel Doudat, Acteur de l’innovation sociale
Mélanie Dulong de Rosnay, Chargée de recherche au CNRS et Directrice du Centre Internet et Société du CNRS
Emmanuel Dupont, Expert-Conseiller Transformation publique et territoires
Flora Favreau, Architecte gérante d’Atelier F Architecture
Geneviève Fontaine, Docteure en Sciences Economiques et cofondatrice SCIC TETRIS
Olivia Fortin, Adjointe au Maire en charge de la Modernisation, du Fonctionnement, de la Transparence et de la Coproduction de l’Action Publique à la Ville de Marseille
Sylvia Fredriksson
, Enseignante chercheure en design
Olivier Frerot, Citoyen engagé
Eloïse Gabadou, indépendante
Constance Garnier, Chargée de développement au RFFLabs
Benjamin Gentils, Co-fondateur de la Fabrique des communs pédagogiques
Thomas Germain, Contributeur à La Myne et à la Fabrique des Communs Pédagogiques
Gaël Giraud, Directeur de recherche CNRS
Louise Guillot, Co-initiatrice du Collectif pour une société des communs
Alexandre Hannud Abdo, Chercheur à l’UMR-LISIS, Université Gustave Eiffel
Olivier Jaspart, Juriste en droit administratif des biens communs
Edouard Jourdain, Post-doctorant Polytechnique
Odile Kirchner, Présidente de La Palanquée à Sète
Géraldine Lacroix, Citoyenne engagée
Amandine Largeaud, Cofondatrice du Centième Singe
Etienne Laurent,
Simon Laurent, Administrateur du Réseau Français des Fablabs
Christian Laval, Chercheur en histoire de la philosophie et de la sociologie
Amandine Lebrun, Facilitatrice en tiers-lieux / Doctorante en SIC sur la question des communs et des tiers-lieux
Fanny Le Brech, Présidente de ESSpace
Anne Lechêne, Co-fondatrice de la Ferme de Chenèvre
Elodie Lecher, Chargée de projet Tiers-lieux à Pop Café
Axelle Lemaire, Ancienne Secrétaire d’Etat au Numérique
Noël Mamère, Écologiste
Muriel Marandola, Contributrice à La Compagnie de Tiers-Lieux
Charlotte Marchandise, Citoyenne engagée
Rémi Mauvoisin, Maker
Vincent Maymil, Inspecteur général des affaires sociales
Dominique Méda, Philosophe et sociologue du travail
Mauricio Mejia, Citoyen engagé
Silvère Mercier, Co-fondateur du collectif SavoirsCom1 – Engagé pour une action publique antifragile
Baptiste Morizot, écrivain et philosophe
Christophe Noullez, Professeur de technologie et cofondateur de l’association Tiers-Lieux Edu
Julien Paris, cofondateur de Multi, coopérative du numérique d’intérêt général
Julian Perdrigeat, Développeur territorial pour la Fabrique des Transitions
Maëlic Philippot, Fabmanager de La Palanquée
Thomas Piketty, Économiste
Gabriel Plassat, Initiateur de la Fabrique des Mobilités
Chloé Sagaspe, Conseillère de Paris, élue du 11e arrondissement
Michaël Ricchetti, Ingénieur d’études à Agroparistech
Chloé Rivolet, Co-gérante de la Coopérative Tiers-Lieux
Antoine Ruiz-Scorletti, Président du Réseau Français des Fablabs
Jérôme Saddier, Président de ESS France
Bruno Louis Séguin, Délégué général de la FING
Rémy Seillier, Co-initiateur du Collectif pour une société des communs
Carine Sit, Directrice de Mission – Innovation territoriale à la Croix-Rouge Française
Emmanuel Vandamme, Président de la SCIC La MedNum
Catherine Villeret, FabManager de « Je{UX] sais FAIRE »
Stéphane Vincent, Délégué général de la 27e Région
Anaïs Voy-Gillis, Chercheuse associée au laboratoire CEREGE, IAE de Poitiers

ENGAGEONS-NOUS ENSEMBLE POUR BASCULER VERS LA SOCIÉTÉ DES COMMUNS !​